Le 2 décembre 2025, le Hub Transition Énergétique de la Fondation Nomads a abordé une problématique qui hante souvent les stratégies de durabilité : le fossé entre les intentions et la réalité. Sous la thématique « Écart d’efficacité énergétique, électrification et formation », cette séance a confronté les modèles théoriques à l’épreuve du terrain, soulignant l’urgence de combler deux déficits majeurs : celui de la performance technique et celui des compétences humaines.

Alors que les technologies sont matures, pourquoi les résultats ne sont-ils pas toujours au rendez-vous ? Cette matinée a permis de décortiquer les freins invisibles de la transition énergétique, de l’analyse économique à la gestion des ressources humaines.

 

L’analyse économique : comprendre « l’Energy Efficiency Gap »

Pourquoi les investissements dans l’efficacité énergétique, rentables sur le papier, ne sont-ils pas systématiquement adoptés ou performants ? Sébastien Houde, Professeur associé d’économie environnementale à l’UNIL, a ouvert la séance en analysant ce fameux « Energy Efficiency Gap ».

Il a présenté un cadre d’analyse rigoureux confrontant l’efficacité théorique à l’efficacité réelle. Au-delà du constat, son intervention a mis en lumière les preuves empiriques de cet écart et ses implications directes pour les politiques publiques : pour être efficaces, les incitations doivent se baser sur des données comportementales et réelles, et non uniquement sur des modèles idéaux.

 

La réalité opérationnelle : optimiser la performance

Sur le terrain, cet écart se traduit par des kilowattheures perdus. Pascal Wehrli, Directeur de site Genève chez Primeo Energie AG, a ancré le débat dans la « performance énergétique concrète ».

Il a détaillé les raisons techniques et opérationnelles de ces écarts de performance dans les bâtiments. Souvent, le diable se cache dans les détails : un mauvais réglage, un manque de suivi ou une absence de motivation des usagers. M. Wehrli a insisté sur la nécessité de déployer des outils de mesure précis et de créer de véritables incitations au suivi pour passer de la performance installée à la performance exploitée.

 

Le goulot d’étranglement : formation et main-d’œuvre

Toutefois, optimiser et électrifier le parc genevois nécessite des bras et des cerveaux. Jean-Paul Venditti, Directeur du CIFER, a clôturé la séance en abordant ce qui est peut-être le défi le plus critique de la décennie : la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Face à l’électrification croissante des usages (pompes à chaleur, mobilité électrique, solaire), la demande en compétences explose. M. Venditti a souligné l’urgence de massifier la formation et de valoriser les métiers techniques. Sans une main-d’œuvre capable d’installer et de maintenir ces nouvelles infrastructures, l’écart d’efficacité énergétique risque de se creuser davantage, faute de techniciens pour le combler.

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